1950...
le centre ville s'il vous plait ?
L'étranger de passage au Havre en 1950 aurait pu poser cette question: Mais ou se trouve donc le centre-ville ? A cette époque, même si on venait qu'une montagne reculée du Tibet, on était pas sans ignorer que la guerre avait fait rage en Europe. Le Havre était avec Dresde, Berlin, Hiroshima... une de ces villes symboliques des destructions de la seconde guerre mondiale.
Le Havre était la ville la plus détruite de France. Près de 20 000 tonnes de bombes avaient table rase du centre-ville. Voici quelques vues aériennes prises en 1950...
6 ans après la fin de la guerre, certains quartiers dévasté par la guerre commencaient à renaitre de leurs cendres. En 1950, c'était le cas du quartier de l'Hotel de Ville. En revanche d'autres quartiers étaient encore en ruines, c'était le cas du Perrey ou de Notre-Dame.
Ci dessous, sur la droite (vers l'emplacement du Musée Malraux), derrière les ruines de l'Hotel Frascati, des barraquements qui servaient de logements aux milliers d'ouvriers venus des quatres coins de l'Europe pour reconstruire Le Havre. Parmi eux, beaucoup d'Italiens.
Entre 1944 et 1947 plus de 2 millions de mètres cube de gravas ont été retirés du centre-ville. Une partie de ses gravats ont été éparpillés dans l'arrière port et sur des champs reservés à Gainneville.
Mais la ville du Havre n'était pas morte. Malgré les destructions colossales, la vie avait repris dans les quartiers épargnés du centre. A la vue des photos ci-dessous, on aurait presque pu croire que cette ville avait été épargnée par la guerre...
Autrefois, simple quartier secondaire du centre-ville, le Rond-Point est devenu du jours au lendemain l'hyper-centre provisoire du Havre. Dès 1946 on pouvait y trouver les cinemas, les théatres, toute les administrations, la presque totalité des commerces de la zone sinistrée. Certains y resteront jusqu'à nos jours, c'est le cas du "Parrain Généreux" qui se situait rue de Paris avant guerre. Les immeubles, les appartements, les commerces sont divisés, séparés, tronqués afin de recueillir une maximum de personnes et de locaux dans un minimum d'espace. Entre 1944 et 1956 tout est bon pour se loger, une cave, un grenier. Les appartements sont réquisitionnés et découpé en un ou deux appartements. Les logements situés en Rez-de-Chaussé sont transformés à la hâte en commerces.
La photo ci dessous a été prise en 1950. On remarque au premier plan l'église Sainte-Marie et sur la droite, la rue de la Cité Havraise. Le tristement célèbre Tunnel Jenner est toujours en chantier. Le Cours de la République n'est pas encore prolongé.
En se rapprochant du centre reconstruit (en 1950 on disait le centre détruit), le vieux Havre s'étand devant nous. Paradoxalement, le Havre moderne d'avant guerre (les quartiers du 18eme et 19eme siècle), est devenu le vieux Havre d'après guerre. Ci dessous, au centre de la photo, le Lycée François Ier et sont aile Sud toujours sinistrée. En arrière plan, le quartier Thiers et l'Hopital Générale Gustave Flaubert.
Isolé au milieu d'un No-man's land de ruines, le quartier Saint-Vincent...miraculé des bombes. Tout est relatif, 50% du quartier à été détruit pendant la guerre notamment dans sa partie Sud.
L'image ci-dessous résume le mieux ce qu'était Le Havre en 1950. Une ville à moitié ancienne, à moitié reconstruite...un hyper-centre totalement détruit.