Continuons notre rétrospective sur la genèse du projet "ZAC Thiers Coty" dans le cadre du 10 eme anniversaire du centre commercial René Coty.

Nous l'avons vu précédemment, le projet "Thiers Coty" est né à la fin des années 60, période charnière ou un centre-ville tout neuf devait reprendre ou prendre ses marques. Auguste Perret et son atelier avaient réussi à reconstruire la ville la plus sinistrée de France, mais les havrais n'avaient pas encore assimilé ces nouveaux quartiers flambant neuf.

Un vaste projet d'aménagement du centre s'imposait afin de créer une jonction entre le centre ancien et le centre reconstruit. C'est sur ce thème que la ville du Havre et le ministère de l'équipement ont élaboré plusieurs projets (plus ou moins farfelus) pour le centre ville havrais.

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Comme le prouve ce plan, en 1968, le centre commerçant du Havre (l'hyper centre) s'étend entre le centre ancien (quartiers Thiers, Coty, Ormeaux) et le centre reconstruit (quartiers des Halles, Gambetta, rue de Paris). Au centre, la place de l'Hotel de Ville constitue le seul lien cohérent entre ces deux secteurs.

De ce constat il fallait trouver des idées pour créer de nouveaux cheminements piétonniers tout en (re)développant le commerce morcelé par les bombardements et la reconstruction.

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Des ces premières études est née le shéma directeur pour le développement du centre-ville jusqu'à l'an 2000. Nous le verrons plus tard, ce shéma à été plus ou moins bien respecté. Cependant le projet développé en 1968 est celui qui à fait et fait encore Le Havre d'aujourd'hui.

En effet, comme vous allez le voir ci dessous, les urbanistes avaient prévu un plan de développement à long terme incluant le centre reconstruit et le centre ancien, de la Plage à la Gare.

Les quartiers centraux en 1968 :

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Les secteurs à développer au cours des 40 prochaines années :

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Comme nous pouvons le voir sur le plan ci-dessus, en 1968, les 6 phases de développement du centre étaient déjà planifiées. L'extension du centre reconstruit (phase 2) avec la ZAC Thiers Coty, la cité Administrative (phase 5), le pôle tertiaire de la Gare (phase 6), et tout une série de quartiers ancien à ré-conquérir (phases 3 et 4).

Intéressons nous aux phases 1 et 2, puisque là est le sujet. Le projet de développement du centre en 1968 apportait toute une série de solutions pour ré-conquérir cette interface "ancien/reconstruit". Le secteur en question se concentrait entre le boulevard de Strasbourg, la Place Thiers, la Place de l'Hotel de Ville et la rue du Marchal Gallieni (plan ci dessous). Nous allons le voir, des solutions radicales étaient envisagées...

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Principe numéro 1:

Entre la Place de l'Hotel de Ville et la rue du Maréchal Gallieni, tout ce qui n'avait pas été détruit par les bombes en 1944 devait l'être par les bulldozers. C'est ainsi que tous les immeubles du quartiers furent référencés dans l'optique de les conserver ou pas (hauteur, qualité du bâtit, densité, date de construction...). Voici par exemple le résultat de l'étude pour l'îlot de l'actuelle ZAC Coty:

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Principe numéro 2:

Priorité aux piétons et à la densification des espaces. C'est ainsi qu'une partie de la rue Jules Lecesne (entre l'Hotel de Ville et la bibliothèque municipale) aurait pu devenir piétonne. Au sud de cette rue (et au nord du Boulevard de Strasbourg), tous les immeubles préservés par la guerre devaient être détruits pour être remplacés par des tours d'habitations de 10 à 15 étages. A cette occasion, un passage commerçant couvert devait être créer entre le Boulevard de Strasbourg et la rue Jules Lecesne afin de prolonger la rue de Fontenelle, devenu piétonne également.

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La rue Jules Lecesne AVANT / APRES:

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Principe numéro 3:

Priorité aux grands équipement culturels et commerciaux. C'est ainsi que naît l'idée de construire un Théâtre et une place publique au sein même d'un îlot d'habitations compris entre les rues Anatole France, Lord Kitchener et Casimir Perier. Les commerces des rues Lord Kitchener et Casimir Périer auraient été transformés en passage vers le nouveau Théâtre.

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L'îlot Lord Kitchener après transformation:

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Mais revenons en au sujet d'origine, l'ilot "Thiers Coty". Curieusement, l'étude réalisée en 1968 ne proposait pas de solution révolutionnaire pour cet îlot. A l'époque on ne parlait pas encore de "centre commercial". C'est l'idée d'un mail piétonnier constitué par les rues André Caplet et Madame Lafayette qui fut retenu. Ces deux rues devaient devenir des rues commerçantes avec un emplacement réservé à un grand magasin (côté rue Anatole France). Mais comment transformer des rues dépourvus de commerces en rues piétonnes commerçantes ?

PS: A noter que la mairie communiste de l'époque ne parlais pas de "grands magasins", mais de "magasins collectifs"... vocabulaire très "soviétique"

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Suite du reportage sur les 10 ans du centre Coty dans quelques jours...