Fin de service...
Il y'a bientôt 58 ans, le tout dernier tramway du Havre effectuait ses ultimes tours de roues sur la ligne 6 (Gare - Sanvic - Bléville). Le journal "HAVRE LIBRE" en faisait la Une de son journal le 5 Juin 1951.
En pleine période de reconstruction et de modernisation de l'économie, la disparition des tramways est considérée comme un progrès notable pour les journalistes et les politiciens de l'époque...mais pas forcement pour les usagers. Dès la fin de la seconde guerre mondiale une véritable campagne anti-tramways à débuté partout en France. Le lobbying très puissant de l'industrie automobile et de la pétrochimie, à exercé une pression sur tous les maires des grandes villes françaises afin qu'ils suppriment leur réseau de tramway au profit des "modernes" autobus. Qui dit autobus, dit fonctionnement des usines de construction (Berliet, Chausson, Renault...), des usines de pneumatiques (Michelin, Continental) et augmentation des consommations d'hydrocarbures (Total, Elf et...).
Bref, dès la fin des années 40, partout en France, une véritable campagne de presse anti-trams fut mise au point, soutenue par des politiciens très influents comme Jacques Chabans Delmas. Contrairement aux autres pays européens, on considérait que ces lourdes machines d'avant guerre étaient techniquement dépassées et responsable de tous les problèmes de circulation rencontrés dans les villes..."il ne fallait surtout pas déranger les automobilistes !"
Le Havre comme beaucoup de villes françaises fut touchée par cette campagne anti-tram, mais dans une moindre mesure. Les politiciens havrais de l'époque (Pierre Voisin, Pierre Courant entre autres) n'étaient pas foncièrement contre les tramways. Cependant la situation du Havre après la guerre rendait difficile l'exploitation des tramways, dans une ville en pleine reconstruction. A l'aube des années 50, il fallait reconstruire et prolonger les lignes de trams dans les nouveaux quartiers du centre-ville et de la périphérie. De plus, la CGFT (l'ancêtre de la CTPO) devait faire face à une pénurie d'équipements. En France on ne fabriquait plus de rames tramways depuis la fin des années 1930. Bref, au début des années 50, les tramways du Havre furent victimes d'un manque de renouvellement du matériel et d'un devis financier trop important pour moderniser et prolonger le réseau.
C'est ainsi qu'à partir de 1949, les lignes de tramways remises en service après la guerre furent remplacées les unes après les autres par des autobus et des trolleybus (pour les lignes de côtes).
C'est ainsi que plus de 60 ans après leur mise en service, la dernière motrice des tramways du Havre, rentra définitivement au dépôt. Cette motrice qui circulait sur la ligne 6 (Bléville - Sanvic - Gare) était conduite par le Wattman Charles Leplay. Son ultime retour au dépôt vers 21h fut très discrête, en la simple présence de quelques journalistes de presse et d'un caméraman de "Gaumont actualités".
Ci dessous, un article de presse du Havre Libre datant du 5 Juin 1951, retrouvé aux archives municipales du Havre. Le journaliste prend ouvertement le parti-prix des "anti-trams". A vous de juger.
La photo ci dessous représente la toute dernière motrice de tramway en circulation. Cette photo à été prise au niveau de la place des Gobelins, sur le parcours de l'actuelle ligne 4 du réseau Bus Océane.
Dans le titre ci dessous, le journaliste fait une grossière erreur (déjà à l'époque) en disant que Le Havre est la première ville de France à ne plus avoir de tramway. Il faut savoir que des villes comme Paris et Orléans avaient totalement supprimé leur réseau de tramways à la fin des années 1930. Après la guerre, d'autres grandes villes ont emboîté le pas, bien avant Le Havre.
Quelques jours plus tard, LE HAVRE LIBRE publie "le problème des transports au Havre"... déjà des gens se plaignent de la disparition des tramways.
PS: Attention, vous aurez certainement remarqué que les articles se coupent et s'entrecroisent. Je n'ai malheureusement pas pu faire autrement. Bonne lecture à tous !