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Le Havre en photo
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6 juin 2009

6 Juin 1944 - Ils arrivent - Le Havre en état de siège

Extrait des notes de Paul Latrille, agent de liaison de M. Pierre Courant, Maire du Havre

Dans la nuit du lundi 5 au mardi 6 juin, j'étais de permanence de nuit à l'Hôtel de Ville, nous entendîmes toute la nuit les avions passer et vers 2 h. 30 du matin, nous fûmes réveillés par les onze coups de sirène, signal de débarquement. A sept heures du matin, Maître Ginouvier, Secrétaire Général de Mairie, arrive à l'Hôtel de Ville et me fit part de la communication téléphonique qu'il avait reçue du Préfet, lui disant que les Anglo-américains avaient débarqué à 6 h. 00 à Arromanches. L'heure H avait sonné. Depuis quatre années que les Alliés s'étaient préparés, alors que nous Français nous n'y croyions plus, et c'est en pleine Normandie à Arromanches à 57 km du Havre de Grâce que les Alliés mirent le pied sur le sol français avec le seul espoir de reconduire l'ennemi d'ou il venait. Aussitôt les soldats arrivèrent à la Kommandantur et déménagèrent toutes leurs archives dans un blockhaus qu'ils avaient construit dans le jardin, les barbelés furent tendus dans les rues et les soldats postés avec les mitrailleuses dans les rues. Le camp retranché du Havre fut fermé, interdiction de circuler en bicyclette et en automobile, les spectacles furent arrêtés, nous étions en état de siège. En haut de la rue G.-Lafaurie, nous distinguions les navires de guerre et un groupe de deux cent navires de débarquement se trouvait dans les eaux au Nord du Havre. Nous nous attendions à une attaque sur Le Havre. Du beffroi de l'Hôtel de Ville, nous voyions très bien le mouvement des navires. Les autorités allemandes délivrèrent des laissez-passer pour entrer et sortir du camp retranché aux personnes chargées du ravitaillement, aux travailleurs et la circulation en bicyclette et en voiture redevint libre.

la plage et le mur de l'atlantique

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Extrait des mémoires de Georges Godefroy "Le Havre sous l'occupation"

Il est 1h40 et aussitôt, coup sur coup, par trois fois, l'alerte retentit de nouveau. La 1060 eme alerte depuis Mai 1940 et la 325 eme depuis le 1er Janvier 1944. La fin de cette triple alerte ne sonnera jamais. Il semble que les sirènes ont éloigné les avions, nous les entendons encore au loin mais sur la ville tout est tranquille. Le ciel est couvert, le vent qui soufflait ces derniers jours s'est un peut calmé.

On se recouche, on s'endort, d'autres avions arrivent, passent, s'éloignent, on sommeille à demi, on s'endort sans même s'en rendre compte, écoeuré de lassitude et soudain on se réveille, étonné qu'il fasse jour.

Devant la gare, juste après le 6 Juin

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Nous venons de vivre une aube historique. Sous notre balcon se déroule l'un des événements les plus fabuleux de l'histoire du Monde et nous n'en savons rien encore. Chez le boulanger, les commères racontent qu'ils ont débarqué à Calais et à Cherbourg.

La ville est calme, les magasins sont ouverts. Les ouvriers qui travaillent sur les chantiers de l'organisation Todt ont été renvoyés. Le personnel du Port Autonome attend devant la Bourse, la Kriesgmarine interdisant l'entrée sur le port. Les Allemands ont installé des chevaux de frise autour du poste à essence, rue Lord Kitchner, ou se ravitaillent leurs voitures. Ils ont également barré les escaliers et les rues menant à la Côte. La rue Felix Faure est déclarée "Zone Interdite".

Chaussée Kennedy (près de l'Hotel Frascati). Le Perrey est devenu une "zone interdite"

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Jamais encore la soif de nouvelles n'à été aussi forte, mais peu de Havrais avouent posséder encore un poste de radio. Cependant les nouvelles se répandent. "Cela se passe de l'autre côté de l'eau".

A midi, la radio officielle, diffusée habituellement par des hauts parleurs installés dans le square de l'Hotel de Ville ne transmet que la fin du bulletin d'information pour nous parler de victoires japonaises dans le Pacifique. Au Petit-Havre, un communiqué annonce: "Débarquement dans la Baie de Seine et principalement entre l'Orne et la Vire. Un autre débarquement aurait lieu à Barfleur"

Devant l'Hotel Continental (angle Bvd François Ier - Chaussée Kennedy)

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Dans la matinée, le ciel s'est découvert et de la rue Georges Lafaurie on aperçoit au large, vers l'Ouest, un grand rassemblement de navires. A 15 heures, cette escadre est toujours là, la visibilité est si parfaite qu'il est possible de reconnaître la silhouette caractéristique d'un cuirassé anglais du type Nelson.

Le calme des Havrais demeure tel que les Allemands peuvent se demander si nous sommes intérréssés par l'événement. En vérité, ils ignorent rien de nos pensées et ce flegme augmente leur inquiétude.

Les Allemands se terrent à l'angle du Cours de la République et de la rue Charles Laffite en prévisons de violents combats de rues

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A 18h30, l'escadre est toujours présente, nous voyons les éclairs et nous entendons les départs des pièces d'artillerie, ce qui nous permet d'évaluer leur distance à 18km environ. Havrais et soldats Allemands se pressent au panorama de l'Amiral Mouchez (en haut de la rue Georges Lafaurie / Carrefour Cronsdtat) pour voir des formations d'avions suivre la côte du Calvados ; au delà de la crête, en arrière de Villerville, nous voyons monter les gerbes d'éclatement des bombes. Les avions doivent également attaquer des blockhaus à Cabourg, au bord de la mer, car nous distinguons des trombes d'eau jaillir plus haut que la silhouette de la côte. Sur les murs, des affiches avertissent qu'il sera interdit de sortir ou d'entrer dans la ville après 20 heures. Rentré chez soi, chacun remplit d'eau tous les ustensiles possibles en prévision d'une attaque imminente sur Le Havre.

Facile à reconnaitre, l'angle de la Place de L'Hotel de Ville et de la rue de Paris, ou l'on toruve encore aujourd'hui les magasins HEYRAUD et BISSERIER, reconstruits au même endroit.

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Le secteur de l'Orne à la Somme se trouve placé sous la responsabilité du contre-amiral Von Tresekov dont le PC est au Havre.  Le commandant de la base du Havre est le capitaine de corvette Eggemann. Placée sur le flanc de la flotte d'invasion, la base du Havre pourrait se montrer très dangereuse pour les Alliés. Le 5 Juin au soir, se trouvaient au Havre 4 torpilleurs de la 5eme flottille, une flottille de vedettes rapides, une flottille de dragueurs et une flottille de patrouilleurs. Dès la première nuit, la 5eme flottille a coulé le destroyer norvégien "Svenner". Cette situation va faire monter la pression alliée sur Le Havre. Un Raid aérien d'envergure devra être lancé prochainement afin de ne pas compromettre le débarquement.

Sur le Cours de la République au niveau de l'actuel Conservatoire.

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Commentaires
H
bONJOUR, J'ai connu Mr. PAUL LATRILLE. SA MAMAN UNE FEMME DE QUALITE HABITAIT 56 RUE LABADOYERE AU HAVRE. NOUS Y HABITIONS EGALEMENT FAMILLE ORANGE CLATOT. AU HAVRE UN STADE DE FOOT PORTE SON NOM. CATHERINE ET MOI SOMMES SES FILLES. JE VOUDRAIS SAVOIR SI CHAQUE ANNEE IL Y A ENCORE LA COUPE ANDRE CLATOT. MERCI DE ME REPONDRE.
D
Un témoignage que j'ai pu recevoir de deux personnes prochent de moi, mon père, qui a vu tout depuis le point de vue de l'amiral mouchez en haut de la rie G. Lafaurie ( à l'époque rue de Montivilliers)et georges Godefroy, qui mon mon patron quand je travaillais avec lui dans son magasin "LE DESSIN" avenue Foch.
P
vivre ces instants davait faire naitre des sentiments de joie, de peur et de doutes tout à la fois !!
A
Les photos qui illustrent ce récit nous plongent vraiment dans cette période. Bon week-end
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