LE HAVRE 89 Bvd de Strasbourg: Un Siège de prestige !
Il y'a quelques semaines je vous parlais du 89 Boulevard de Strasbourg, siège de la Compagnie Générale Transatlantique jusqu'en 1978 et de France Télécom jusqu'en 1991. http://lehavrephoto.canalblog.com/archives/2009/08/13/14734766.html
Dans ce décor de rêve ou le voyage à bord des paquebots s'affichait en vitrine, toutes les personnes qui ont eu la chance d'y pénetrer ne l'on jamais oublié. C'est le cas de Mr Jacques GUILLERME, ancien salarié de France Télécom et petit fils d'un employé de la Transat, qui à connu le 89 Bvd de Strasbourg du temps de la FRENCH LINE et plus tard en tant que salarié de la célèbre entreprise de télécommunications.
Mr Jacques GUILLERME qui rédigeait à l'époque une gazette interne intitulée "La Plume Bavarde", m'à fait le plaisir de m'envoyer une copie de celle-ci que je partage avec plaisir aujourd'hui sur ce blog.
JE CITE:
Il est rare pour une demeure d'être successivement le siège de deux entreprises aussi prestigieuses. Le 89 Boulevard de Strasbourg au Havre fut occupé de 1905 à 1978 par la Compagnie Générale Transatlantique, alors première compagnie de navigation en France et, depuis 1978, par France Télécom, l'une des premières entreprises française.
Ci dessus, la vitrine de 1936, donnant sur le Bvd de Strasbourg
Juillet 1964, Jacques est fier et impressionné de pénétrer pour la première fois à l'intérieur de cette grande bâtisse. Il est souvent passé devant pour regarder les vitrines ; mais jamais il n'à osé entrer.
Aujourd'hui, son grand père, Eugène B. doit se rendre au 89 boulevard de Strasbourg, siège de la Compagnie Générale Transatlantique, afin de remplir des papiers pour sa retraite et il a emmené Jacques avec lui. Après avoir admirer une fois de plus la vitrine ou se trouve une maquette du paquebot FRANCE, il pénétrent à l'intérieur en passant sous le porche de marbre marqué du sigle de la compagnie: les trois lettres CGT entrelacées au dessus de la mention THE FRENCH LINE.
Au rez-de-chaussée à droite se trouve un guichet ou trois agents reçoivent les clients qui viennent réserver leurs places pour un prochain voyage. Sur le mur, une grande photo des gratte-ciel de Manhattan ne laisse aucun doute sur la destination du voyage. En empruntant l'escalier, Jacques peut admirer toutes les boiseries sculptées aux emblèmes de la Transat.
Ci dessus, les bureaux de réservation situés au rez de chaussée
A l'étage, ils se rendent au service de la comptabilité, en traversant une grande pièce occupée par une douzaine de bureaux. Il s'agit du service commercial qui gère les navires et les marchandises provenant de toutes les régions du Monde. Le bureau 25, ou se trouve la comptabilité est une pièce coupée en deux par un guichet surmonté d'un grillage avec deux petites ouvertures. Celà fait penser aux banques que l'on voit dans les Westerns. Trois messieurs en costume strict avec cravate sont installées derrière de vieux bureaux en bois.
Une partie du service commerciale de la Transat.
Après quelques formalités, ils pénètrent dans une vaste pièce éclairée par une grande baie vitrée. Au fond, un homme que Jacques prend pour le chef, est installé à un splendide bureau de style, entouré de chaises et de fauteuils "Art Déco" provenant certainement d'un paquebot. Peut-être "l'ILE DE FRANCE" dont la maquette se trouve dans la pièce. Derrière, trône une énorme cheminée en chêne avec des colonnes de marbre et une pendule au dessus du foyer. Jacques apprendra bien plus tard qu'il s'agissait de la cheminée du grand salon de "LA PROVENCE". En redescendant, Jacques ne se doutait pas que 30 ans plus tard, il emprunterait ce même escalier.
1991, Jacques à 44 ans. Il travail à FRANCE TELECOM. Lorsqu'il se rend au 89 Boulevard de Strasbourg, ce n'est plus pour voir le siège de la "Compagnie Générale Transatlantique", mais "l'Agence Commerciale du Havre".
Curieuse destinée pour cette bâtisse dont la construction remonte à 1900. En 1905, la "Transat" l'achète pour en faire son siège principal. elle est bien placée, à quelques dixaines de mètres de l'Hotel de Ville, de la sous Prefecture et de la Bourse. A égale distance du pouvoir politique et du pouvoir économique. Durant 70 ans, l'histoire de cette demeure se confondra avec celle de la première compagnie de navigation Française. De 1905 à 1914, la "Transat" s'éfforcera de se hisser au niveau des autres compagnies étrangères; la CUNARD, la WHITE STAR, la HAMBURG AMERIKA, la NORDDEUTSCHER LLOYD etc... puis entre 1919 et 1939, ce sera la période faste.
Grâce à la beauté de ses navires, la TRANSAT fera jeu égal avec ses riaux. Elles les surpassera même avec le NORMANDIE. Cette puissance aura des répercussions sur la bâtisse qui sera la vitrine de la compagnie auprès du public. Vers 1935 on construira une façade au dessus de la porte d'entrée avec tous les symboles de la CGT. La décoration intérieure s'inspirera de la mode "Art Déco" qui avait déjà envahi les paquebots.
Après la guerre, malgré la perte de nombreux bateaux, la compagnie sera encore très présente sur toutes les mers du globe. Mais aucun travail de modernisation de la bâtisse ne sera entrepris. Avec la disparition du FRANCE, le 89 Bvd de Strasbourg est de moins en moins fréquenté. En 1975, la TRANSAT, qui à fusionné avec les "MESSAGERIES MARITIMES", décide à regret de se séparer du batiment. Ce fut très dur pour tous ceux qui y travaillèrent durant trois quarts de siècle. Mais qui pouvait se permettre de racheter une demeure de cette taille ? Impossible de transformer ces pièces en appartements à cause de la hauteur des plafonds.
Quelle entreprise serait asser riche pour l'acquérir et la restaurer ? Allait-elle comme tant d'autres demeures de ce quartier sombrer dans l'oubli et la détérioration ? Non car le destin en avait décidé autrement. Nous sommes en 1978 et les Télécoms, qui sont alors en pleine expansion décident de créer des "Actel". Ces nouveaux établissements devront se trouver dans les centre des villes et donner la meilleure image possible aux usagers ainsi qu'un service de qualité. Après étude de la Direction Régionale, le 89 Bvd de Strasbourg fut retenu, du fait de sa position au centre-ville et de sa taille. Des réaménagements furent réalisés à l'intérieur. Sur la façade, on se contenta de remplacer les sigles de la Transat par ceux des Télécoms. Mais en 1989, devant l'augmentation du nombre de clients et pour améliorer son image, FRANCE TELECOM entreprit d'importants travaux à l'intérieur et à l'extérieur.
Ci dessous, les bureaux de France Télécom dans les étages supérieurs...
On supprima la grande vitrine Art Déco de 1936, on redonna aux pierres leur couleur blanche permettant à la façade de retrouver son aspect d'origine. Aujourd'hui, Jacques doit faire appel à sa mémoire pour se souvenir de la demeure de 1964.
Ci dessous, les locaux France Télécom pour l'accueil du public, ex bureaux de réservation du temps de la Transat
La porte d'entrée encadrée de ses deux vitrines est toujours là mais rien n'est plus pareil. Les symboles de FRANCE TELECOM ont remplacés ceux de la TRANSAT. Disparus le marbre de la vitrine, les lettres argentées "COMPAGNIE GENERALE TRANSATLANTIQUE", les trois lettres entrelaçées CGT, le sigle FRENCH LINE et le drapeau blanc à lettres rouges de la Transat. Place à la pierre blanche, aux deux logos de FRANCE TELECOM, aux trois stores de forme arrondie, bleu TELECOM et à l'enseigne de FRANCE TELECOM située au dessus de la porte.
La façade de France télécom depuis 1989. Photo à comparer avec la première, la façade de 1936...
A l'intérieur, rien ne rappelle la présence de la TRANSAT. Pourtant, pour beaucoup de Havrais, le 89 Boulevard de Strasbourg évoque encore l'époque ou les plus beaux paquebots du Monde venaient dans le port du Havre: PROVENCE, ILE DE FRANCE, CHAMPLAIN, PARIS, NORMANDIE, LIBERTE, FLANDRES, FRANCE et les autres. Ils ont tous eu leur maquette dans l'une des vitrines aujourd'hui occupées par les nouveaux postes téléphoniques ALTO, SOPRANO, CHORUS, CONTACT, AMBIANCE...
Jacques GUILLERM,
1991.
Depuis cette date, France Télécom à également quitté les locaux du 89 Boulevard de Strasbourg au profit de plus petites agences dans toute la ville. La batiment à été racheté il y'a une bonne dixaine d'années par le département de la Seine Maritime pour y installer des bureaux. La façade n'à guère changée depuis 1989.
Un grand merci à Jacques Guillerme pour cette précieuse documentation.